Les récits de chasse à l'orage
Le compte-rendu de chasse est un
récit, parfois technique, parfois poétique avec pour constante la description de
l'apothéose, ce feu d'artifice naturel qui imprimera la pellicule ou le capteur
pour l'éternité. La durée d'un éclair est très courte, seule la rémanence du phénomène laisse une trace dans nos yeux et notre
esprit, et la photo est le trophée ultime du chasseur d'orage. Lors d'une chasse, les états d'âmes du passionnés passent de l'excitation à l'extase, avec de petites frayeurs et parfois même une trouille indescriptible devant la violence des éléments. Ce sont ces moments d'exception que nos rédacteurs tentent de vous faire vivre à travers leurs récits et leurs photos.
Et également une fiction de chasse à l'orage
par Christophe Suarez
Récit de chasse de la nuit du 24 au 25 juin 2005 par Gilles Duperron
Alors que je regarde pour la énième fois le ciel en priant pour que cette fois-ci il n'épargne pas Lyon, un coup de téléphone de notre ami Pascal. Il est en route pour les plaines de la Saône, qu'il
sillonne à la moindre alerte. La bas, la foudre tombe déjà et la pluie, voir même des
grêlons. Tandis que moi, je vois le ciel bleu (foncé car le soleil se couche) ; il
est 9 heures et je vais encore dormir tranquille ce soir malheureusement...
Et puis, 9h30, le ciel s'assombrit Au sud et s'approche de moi. Je prends l'appareil, le pare pluie et le
trépied, et je monte dans la voiture. Direction la colline de la ville voisine. J'intercepterais celui ci sur le versant Sud. 8 minute plus tard je suis sur le site. Je scrute le ciel noir, mais rien. Puis un flash, derrière moi, impossible de savoir d'ou il
venait. Mais le nuage principal est au sud, il ne devrait pas tarder a être actif. Je continu et je persiste avec le sud. Mais les flashs se font de plus en plus pressants sur le versant Est. Je me
résous donc a l'inévitable. Je plie le matos, direction le pied de la colline donnant sur Lyon. 3 minutes chrono en voiture.. de nouveau
déballage du matos. mais ou viser
? Les éclairs intranuageux sont la. mais les rares coup de foudre ne pointent leur nez qu'a endroit divers. Tant pis, je mets un 50 mm, je
couvrirais ainsi un espace plus vaste. Je shoote, je shoote. je fais des poses de 10 secondes car
apparemment d'après l'écran de l'apn, je ne peux guère monté en temps de pose au risque de griller la photo finale. je suis pourtant
en 100 asa. je suis en train de me demander si je ne vais finalement pas revenir a l'argentique pour ce genre de photo. Mais avec la carte de 512 Mo, je me permets de shooter autant que possible. Il va bien y en avoir un qui va se poser dans mon champs.
Rien a faire, plus les minutes passent, et plus ma patience et ma foi en l'appareil se ternie. il arrive que de beaux éclairs frappent le sol, mais hors cadre... je me dis que pour cette deuxième sortie, elle n'a vraiment pas de quoi
régaler mes attentes. Je m'aperçois que le Cumulonimbus est comme coupé en deux et que ce sont les
éclairs qui accentue le phénomène.
Je peux aisément m'en apercevoir car les différents sommets cumuliformes baignent dans les étoiles et se
découpent sur le fond de la nuit. Je décide alors de suivre cette "faille" et j'endosse le 70 mm a la base de la fracture.
Moins de 8 shoots plus tard, bang, un coup de foudre, ramifié de surcroît. j'arrête
immédiatement la pose et j'admire sur l'écran.
Impeccable, peut être un peu surexposé, mais il est dans la boite ; je pourrais toujours retoucher a la maison si besoin est. Je continue a suivre le
déplacement du nuage sur les Dombes au nord-est de Lyon. Mais il s'éloigne dans l'indifférence de mon appareil qui ne choppera plus que du noir et les lumières de la ville. Alors que je suis le nuage, je m'aperçois que les intranuageux de celui ci discutent avec d'autres éclairs en nappe qui dissimule le temps d'un battement de cil les étoiles aux dessus de moi. c'est au Nord-Nord-Ouest.
Après quelques essais
infructueux pour suivre la fracture, je décide à nouveau de plier bagages. direction le coté Nord de la colline sur une place privilégiée. 2 minutes uniquement. A 23 heures il y a peu de monde. Et mon bardas est en place. les éclairs intranuageux sillonnent le
cumulonimbus que je suivais depuis le coté est ; mais mon objectif se pointe vers l'ouest. Il y a un peu plus
de coup au sol. je commence doucement au 50 mm, puis après un ou 2 shoot réussis (toujours aux alentours de 10 secondes) je passe au 70 mm, car la chute est quasi toujours au
même endroit.
S'ensuivent alors 4 ou 5 prises réussie. Mais plusieurs loupées et pas des moindres. Puis un
Cb répondant a un autre Cb le ciel ne cesse de danser : les éclairs se répondent entre
eux, c'est a qui sera le plus fort. C'est alors que sous mes yeux
abasourdis, j'arrive a distinguer une partie en choux fleur en plein milieu de la nuit, non pas parce qu'un projecteur le tenait en mire comme les faisceaux de la DCA, mais parce qu'il
gênerait des éclairs toutes les DEMI-SECONDES.
Plus rapide qu'entre deux feux d'artifice, le spectacle laisse
sans voix, sans réaction. Vite. Quelle pose ? quelle sensibilité ? quelle
diamètre ? Au final, j'opte pour le 300 mm ouvert a 5.6 et j'enclenche, j'enclenche et j'enclenche encore... parfois un
éclair s'échappe du nuage pour mourir seul, perdu en suspension... Le spectacle est magique. un spectacle qui me fait oublier les deux mois de frustration jusqu'alors.
Toutes les 5 photos je laisse le temps a l'appareil de décharger le
buffer pour les stocker sur la carte mémoire.
J'aperçois donc les
photos prises. nombreuses sont celle qui ne dénotent pas grand chose. mais
au milieu du tas, il y en a 2-3 qui relèvent le niveau. malheureusement
il faudra les retoucher. Le fond de l'air tire vers le marron
rouille, l'écran apn est le témoin de ce petit grain de sable dans
cette soirée qui aurait pu être bien meilleure du point de vue cliché.
Petit à petit, le nuage s'éteint les éclairs sont de plus en plus
entrecoupé, puis inexistant.
Je rentre alors, heureux d'avoir pu assister à un tel spectacle, et
déçu de devoir retravailler les photos.
Arriver à la maison, ma femme n'étant pas toujours couché (il est
environ 00h 15) me demande a voir les photos. j'insère donc la carte
mémoire dans le lecteur et affiche les photos.
Quel ne fut pas mon étonnement quand je vois les photos sur l'écran.
Pas une retouche a faire : les images posté sont brut de traitement
(hormis l'effet panoramique) : le lcd de l'écran est bien trop
lumineux a mon goût, et ne transmet pas la vraie valeur de la photo
lorsque l'on se place son regard légèrement au dessus de l'écran. Celle-ci
parait moins contrasté.
Au final, je me suis endormi avec un petit sourire en coin. Heureux
d'avoir enfin attraper un orage cette saison, et surtout d'avoir attrapé le spectacle qui m'a été offert.
La Nature sait faire les chose. savoir apprécier ce qu'elle nous offre
et transmettre ce qu'elle nous apporte c'est un pas pour la préserver.
Un chasseur repu pour sa deuxième sortie.
Gilou
L'orage du 03 juin 2005 par Christophe Suarez
Vendredi 17h, je guette ma carte favorite. Avec les impacts, la carte de France ressemble à une peinture abstraite. Ce soir je ne ferais pas de vieux os au boulot, car une magnifique chasse me tend les bras. Arrivé à la maison, je prépare le matos, vider les cartes mémoire, recharger les batteries... Deux sandwichs et trois message plus tard, me voici sur la route. Les
GO crépitent, halte à la station d'essence, et direction les hauteurs du Chablais. Comme je n'ai pas de Boltek embarqué je roule au pifomètre. Le temps d'arriver sur une hauteur, il fait déjà bien nuit. Le massif des
Voirons, au dessus du Léman est prédestiné, ça gronde de tous les côtés. A mon idée la nature déjà sauvage du site va se combiner avec les éléments pour
offrir un spectacle unique, je me frotte déjà les mains. En débarquant sur mon esplanade, je croise deux petits jeunes qui viennent étrenner leur tente tout juste acquise chez Dé...on. La scène se passe quelque part dans les montagne, à 1200-1300m d'altitude... M'attendant au pire, j'improvise, "Bonsoir, vous êtes en randonnée" ? "Non on va camper pour la nuit". Dans mon fort intérieur, j'éclate de rire, pourtant je reste sérieux car l'heure est grave. "Je vais vous expliquer pourquoi je suis ici: je suis chasseur d'orage, dans quelques minutes le
ciel va s'embraser." "ah ?". "Je vous déconseille de camper ici ce soir". En guise de réponse "On a écouté la météo, ils ont prévus des orages dans le Jura". Et moi de reprendre, "Ecoutez, à la maison j'ai quelques outils qui me permettent de vous dire que des orages vont arriver par ici, ce coin est dangereux, le seul endroit sûr, c'est votre voiture". Comme pour
appuyer mon discours, un coup de tonnerre lointain se fait entendre. La petite demoiselle "merci monsieur, merci beaucoup..." et nos petits jeunes de remballer promptement. Finalement, ce fut le point fort de ma chasse car malgré 130 kms parcourus, je ne réussi jamais à m'approcher suffisament d'une cellule active pour obtenir une photo vraiment satisfaisante.
Les cellules arrivent par le sud-ouest, jouant à saute-mouton avec les montagnes et vallées. Par temps d'orage, les petites routes de montagnes sont désertées. Pourtant, les quelques kilomètres, à vol d'oiseau, qui me séparent d'une cellule se
transforment souvent en dizaines de kilomètres de serpentins au hasard desquels je croise toute la faune de montagne, renards, biches et sangliers. Si je n'avais pas croisé deux égarés dans la montagne, cette chasse à l'orage eu été à reléguer aux oubliettes...
L'orage du 20/21-mai 2005 par Christophe Suarez
Il est 21h30, je suis un peu indécis. Toutes les 10 sec. je
rafraîchis les images MET7 et Sferics sur le fond d'écran du portable. Le matériel est déjà prêt. Je trépigne et dépose mon petit tas de valises près de la porte. 22h00 je guette la progression des orages sur mon écran. Les minutes qui suivent sont des heures, car les images sont
réactualisées plusieurs minutes après chaque heure. L'image de 20h gmt.arrive enfin,un beau front se dessine le long du Jura. C'est décidé, cette nuit sera mienne. Je dépose le matériel dans le break et c'est parti. A l'écoute de France-Inter GO, je traque le moindre indice d'activité électrique. Les routes de montagne sont calmes et j'opte pour le Col des
Moises, un point de vue extraordinaire qui surplombe le Léman, Thonon, et au loin le Jura Suisse qui s'étire sans fin vers un nord-ouest plein de promesses.Passé le villages des Habères, je perçois des crépitements caractéristiques sur les ondes de France-Inter. Je suis comblé. En arrivant aux Moises, j'aperçois un magnifique
spectacle, un peu lointain
néanmoins. Je stoppe sur le bas coté et installe le D70 sur son trépied. C'est une première pour ce réflex que je ne connais pas parfaitement, Les premières photos révèlent un spectable lointain.
Petit à petit je sens quelques cellules se rapprocher. Le ballet des avions à l'approche de Genève, au dessus du lac Léman, m'impressionne. Au moment ou je m'y
attend le moins, un magnifique éclair illumine mon ciel. La deuxième photo, 30 sec. de pose, révèle un éclair au premier plan (distance estimée à 10kms), la trace à mi-hauteur, au deuxième plan et au dessus du lac, est un avion en approche de l'aéroport, je me suis demandé si l'avion n'avait pas été foudroyé :-((, et en arrière plan, plusieurs impacts
dans le Jura Suisse. Ouf, c'est dans la boite. Une cellule orageuse se rapproche par l'ouest, éclair lumineux, moins de 30 sec., pluie, il est temps de ranger. Je décide alors d'essayer de contourner la cellule et pourquoi pas faire quelques belles photos.
Lorsque j'arrive au Mont Saxel (600-700m), la route mouillée témoigne du passage d'un grain, mais la cellule est morte. Par contre quelques flashs se dessinent au loin, derrière le Léman. Je ressors le bon vieux F505V. L'altitude est moins prononcée qu'aux Moises et j'aimerais qu'un éclair illumine le Léman. Mais il est un peu tard et les impacts s'éloignent. Je prends la route du retour. En me garant, je constate qu'un orage se rapproche mais je suis impatient de
regarder les images sur le PC et franchement je suis épuisé.Le traitement révèlera quelques perles mais surtout je ne suis pas satisfait des réglages du D70. Le 505V a plus de piqué, ce qui est un comble. Je me promets de peaufiner les réglages du Nikon la prochaine fois (sensibilité et réglage du Focus manuel plus précis).
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