Orage du 16 août 2006 par
Christophe Suarez
Le 15 août était un jour attendu. La
communauté des chasseurs d'orages attendait avec impatience un fameux évènement:
le premier orage en V de l'année dans le sud de la France. Il n'en fut rien et
ce front moyennement actif balaya nos espérances d'un seau d'eau. Un peu déçus,
mais heureux de nous retrouver lors de cette chasse au long cours, Gilles
Duperron, Lisa Monedières, Dean Gill et moi-même reprenions le chemin de la
maison fort tard dans la nuit.
Cette journée du 16 août commence de façon
laborieuse car les mille kilomètres effectués la nuit précédente ont entamé mon
énergie. En cette fin d'après-midi, je quitte promptement le travail et envisage
un repos réparateur. A la maison, consultant mes courriels, je consulte presque
machinalement les radars de foudre et précipitations. C'est alors que je
remarque une zone très active et électrique dans le Jura. Peu enclin à parcourir
les 70kms me séparant du feu d'artifice, je nettoies mollement mon matériel de
chasse mis à rude épreuve le soir précédent. C'est alors que Nicolas m'appelle
et me signale une forte activité électrique sur les flancs du Jura. C'en est
trop, je remballe le matériel, charge la voiture, et file vers un de mes spots
préférés: le Salève. Au sommet du versant nord de la montagne, je domine
le bassin lémanique. Quelques lueurs lointaines déchirent le ciel de
Genève. Le noyau dur de l'orage, je le sais, est probablement assez loin mais
d'autres cellules pourraient se reformer au sud-ouest. La convection est
importante et la situation propice. L'attente ne sera pas bien longue.
Dans mon dos, des éclats bleutés illuminent le ciel et je devine l'arrivée d'un Cb actif. Pour mieux profiter du spectacle, je redescends vers le sud, en
direction de Cruseilles. Sur le flanc sud de la montagne, un petit parking me semble parfait et
j'installe le matériel.
La nature commence son oeuvre et livre crescendo son spectacle intime...
La cellule orageuse arrive par le sud-ouest. La position est idéale pour
contempler la structure du nuage électrique. Quelques abaissements menaçants
sont illuminées par des éclairs intranuageux. Le front de rafale défile sur un tapis roulant, sous mon regard ébahi.
Un couple de touristes, curieux, me rejoint. Étonnés de rencontrer un chasseur
d'orage, ils me posent des questions sur cette activité. Tout en activant
régulièrement le bouton de la télécommande, je me livre avec plaisir à une
petite séance de vulgarisation. En écho à mes paroles, l'activité électrique
s'intensifie et dessine les subtiles contours du nuage d'orage.
Mes compagnons de chasse apprécient la beauté du spectacle. Des coups de foudre
aux délicates ramifications s'abattent sur l'extrême sud du bassin lémanique.
Pour ne rien rater du spectacle, un tantinet lointain, je renonce à m'approcher de la cellule.
Sans traîner, la zone électrique s'évacue vers le nord-est, dans le prolongement
du massif du Jura.
Finalement, j'obtiendrai ce mercredi soir les images que nous étions allé
chercher loin dans le sud un jour auparavant. Tout vient à qui sait attendre,
ainsi pourrait se résumer cette chasse du 16 août 2006 !
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