Orage du 19 juillet 2006, Ile de Ré, par Christophe Suarez

En ce soir de juillet marqué par la chaleur torride d'une canicule estivale, je sortais une dernière fois pour m'aérer avant de passer une bonne nuit, dans l'attente des orages du lendemain. Alors que je marchais, un peu dans mes pensées, je vis de petites lueurs dans un ciel peu chargé. Mon sang ne fit qu'un tour. De trois explications possibles, je retenais celle qui me plaisait, et chargeais bien vite le matériel dans la voiture. En route, comme je ne constatais rien, je me disais qu'il pouvait s'agir d'un feu d'artifice, ou que tout simplement je m'étais fait gruger en perevant le puissant faisceau du phare des baleines. Mais l'instinct ne m'avait pas trompé. Deux minutes plus tard, me rapprochant de la côte, je voyais nettement les lueurs caractéristiques du feu d'artifice naturel. Bien que ma science de la météo soit sommaire, je me dirigeais vers un spot à l'ouest car il s'agissait probablement des prémisses du front attendu pour le lendemain. Lors de conversations avec les rétais, j'avais appris que ce genre d'orage se divise souvent en deux et ne génère pas d'activité électrique sur l'île. Aussi, conforté dans mon choix, je fonçais vers ce fameux spot repéré plusieurs jours auparavant. Arrivé sur place, je voyais de beaux coups de foudre sur l'eau. A peine sorti de mon véhicule, les trépieds et les appareils photos étaient installés. Alors que je prenais mes premières photos, je constatais l'arrivée de nuages très dense par l'ouest. Ma rétine s'ouvrait peu à peu et il me semblait distinguer un arcus, voire un nuage tabulaire... Malgré les faisceaux de deux phares à proximité, la nuit noire allongeait les poses. J'ai photographié ce que je pense être un front de rafale (arcus, peut-être nuage tabulaire) lorsqu'il recouvrait le zénith, faiblement éclairé par les lueurs de "Les Portes en Ré", du phare des baleines et de la lune qui faisait une brève apparition. Le nuage, légèrement étiré par le temps de pose assez long, prenait la forme d'un énorme rouleau et précédait les premiers éclairs de plusieurs kilomètres. 

L'orage se rapprochait, quelques coups de foudre éclairaient faiblement la surface presque lisse de l'océan. A ce moment, je prenais les meilleures photos de cet l'orage. Parfois, un coup de foudre ou un éclair intranuageux laissait deviner la forme du cumulonimbus qui s'approchait.

Les nuages menaçants semblaient se rapprocher. Mais la marée descendante emporte avec elle ses trésors, et l'orage se maintenait au large. Parfois, j'entendais au loin le grondement du tonnerre. Loin de devenir inquiétante, la ligne orageuse poursuivait sa route vers le nord.

Tout au long de cette nuit, de nombreux coups de foudre illuminèrent l'océan, prémisses d'un front attendu pour le lendemain. Satisfait de cette première "chasse à l'orage" au bord de l'océan, je rentrais, sourire en coin. Une fois à la maison, je dépouillais le résultat de cette belle nuit. Je constatais aussi les dégâts causés par de longues expositions, rendues nécessaires par le noir profond de la nuit océanique, sur certaines photos. Lorsque  je me couchais, la courte nuit estivale prenait fin et des lueurs roses emplissaient le ciel. Devant la beauté du spectacle, je décidais de me relever et, l'occasion était rare, de me rendre sur une plage pour contempler l'aube.

Devant ce spectacle magique, je restais quoi et shootais sans retenue. Le ciel, virant de l'orange batave au rose bonbon, figeait les nuages préfrontaux.  L'eau, faisant miroir, amplifiait les tonalités irréelles du lever de soleil. En écho, les mouettes approuvaient ma joie, et donnaient vie à la scène.

D'orange, les couleurs prenaient un ton plus rosé et laissaient apparaître des détails sur la couverture nuageuse. Des nuages de convections ne laissaient aucun doute sur la nature instable de ce magnifique ciel d'été. Je repartirai pour d'autres aventures cette journée...

Suite du récit: Orage du 22 juillet 2006 sur l'Ile de Ré...

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