Orage du 22 juillet 2006, Ile de
Ré, par Christophe Suarez
En cette fin de journée du 21 juillet, MF annonce des orages. Un front imposant
défile devant mes yeux émerveillés. Sur l'image satellite, le front prend la
forme d'une énorme masse de forme arrondie, qui couvre un tiers de la France.
Alléché par la perspective de photographier l'orage, quand bien même les éclairs
sont éloignés, avec Lucas, mon fils, je traverse l'île pour me poster face
aux terres. Devant nous défilent, comme sur un grand tapis roulant, une succession de cumulonimbus.
L'intensité du soleil estival ne laisse pas entrevoir l'électricité déjà
présente dans les enclumes. Une fois la nuit tombée, nous apercevons
l'électricité produite par les entrailles du nuage en maturation. Le spectacle
est magnifique mais un peu lointain.
Voyant les cumulonimbus s'éloigner, nous décidons de rentrer à la maison située
à Portes en Ré, à l'ouest de l'île. Chemin faisant, je consulte la carte
satellite sur mon téléphone portable. Elle montre l'arrivée d'une ligne de
grain par le sud-ouest. Encore lointaine, elle est étroite et compacte et, une
fois n'est pas coutume, ne semble pas se diviser à l'approche de l'Ile. Il
est minuit, mais je renonce à me coucher dans l'espoir d'un hypothétique orage
sur les rivages de l'île. La suite me donnera raison. Au fil des heures,
le front s'amplifie. A 1h30, le ciel est étoilé mais je constate avec
stupéfaction l'arrivée imminente d'un magnifique front orageux, très électrique,
précisément face à l'île sur la carte satellite. J'avais souhaité l'évènement de
toutes mes forces, et voici que les orages se présentaient face à moi.
Promptement, j'emballe à nouveau le matériel et monte dans la voiture. Déjà,
vers l'ouest, des lueurs transpercent le ciel. Je me dirige donc vers un spot
sur la longue digue qui borde le versant ouest de l'île. J'y découvre un
spectacle époustouflant. Le souffle coupé, j'installe vite le matériel et débute
sans préalable cette magnifique nuit de chasse à l'orage.
Arrivé au devant des cellules orageuses, je découvre un spectacle fascinant dont
la beauté sera révélée par les photos. Sur cette photo, la première cellule,
photographiée par l'avant montre un superbe front de rafale éclairé par les lueurs de coups de foudre très intenses.
Ce n'est que plus tard, sur les photos, que je remarquerai la beauté de l'arcus
qui me survole dans les minutes qui suivent. Je commence à comprendre que la
nature me prépare un spectacle formidable, tel ces décharges rampantes sous
l'enclume, dont une partie s'enroule autour d'une lèvre du nuage d'orage.
Pris dans l'extase du feu d'artifice, je ne reste pas moins aux aguets car je ne
connais pas vraiment les orages en bord de mer.
Au fur et à mesure que l'orage avance dans ma direction, l'océan, illuminé par
les impacts, prend des tons ocres, violets puis blancs .
L'orage se rapprochant, je décide de changer de point de vue et me rend près du
phare à l'intérieur des terres. Sous les lueurs des éclairs apparaît un ciel
tourmenté et d'énormes mammas se dessinent à chaque flash
De magnifiques éclairs aux délicates ramifications donnent une réplique à la
pluie qui commence à battre doucement.
Soudain, une intense lueur m'éblouit. Je porte vite les mains à mes oreilles.
L'éclair est si proche que je me crois en plein jour.
L'endroit devient dangereux, je décide donc de me rendre sur une plage de
Trousse-Chemise, aux confins de l'île.
A 5 heures du matin, le feu d'artifice cesse. Je rentre fourbu mais très
heureux. L'Ile de Ré est un paradis pour le chasseur d'orages patient...
Suite du récit: Orage du 27 juillet 2006
sur l'Ile de Ré...
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