Orage du 27 juillet 2006, Ile de Ré, par Christophe Suarez et Lucas Suarez

Avant de reprendre la route des Alpes,  j'espérais un ultime feu d'artifice. Mon objectif: mettre en valeur le pont de l'Ile de Ré et le Phare des Baleines.  Avec Lucas, mon fils, nous guettions sur les cartes météo cet énorme front orageux annoncé par les prévisionnistes. Dans mes fantasmes, je songeais un temps rallier Paris pour immortaliser des éclairs sur fond de tour Eiffel. Mais la perspective d'une dernière traque maritime eurent raison de mon allant. Dès l'après midi, nous nous postâmes sur les devants de la scène. Oscillant entre Yin et Yang, nous faisions des allers-retours sur les côtes de l'île, à la recherche d'indices. En fin d'après midi, les cumulonimbus précisaient leur intention, remontant avec conviction le long du continent.  Lucas apprenait l'école de la patience, sans sourciller il détaillait avec moi les évolutions des masses difformes au loin. La tension montait... Pour mieux profiter du spectacle, nous décidions de nous restaurer rapidement.

Lorsque l'obscurité naissante laissa apparaître les premières lueurs électriques l'indicible excitation du chasseur d'orage s'emparait de nous. Une énorme ligne orageuse coulissait en face de nous, sur le continent. Les éclairs illuminaient le ciel de La Rochelle. La foudre s'abattait sur les quartiers de la ville et dessinaient de magnifiques stries derrière l'ouvrage pharaonique. Nous avions gagné notre pari: la communion des géants.

Revenus au confins de l'île, Lucas dormait à poings fermés. Le Phare des Baleines se refusait. Je veillais de longues heures le passage du front au large. Quelques lueurs illuminaient parfois le ciel tourmenté, mais les cellules se tenaient à distance. Dans l'espoir, je restais à poste. A 4h du matin, l'interview d'Europe1 me tenait en éveil. Le ciel de Paris s'embrasait mais ma chasse prenait fin. Le phare des Baleines illuminait l'océan et me toisait une dernière fois, comme pour me dire: je t'attends...

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