L'Ile de
Ré, paradis du chasseur d'orages par
Christophe Suarez Juillet 2006.
Un récit en quatre parties:
Entre ciel et terre: nuages d'été sur
l'île de Ré
L'orage du 19 juillet 2006
Orage du 22 juillet 2006
Orage du 27 juillet 2006
Entre ciel et terre: nuages
d'été sur l'île de Ré
Au confins de notre pays, lorsque mon regard se porte vers l'ouest, il est un
pont qui communique avec une île hors du
commun. Sur le chemin du nouveau monde, passage obligé des oiseaux migrateurs,
l'Ile de Ré est préservée du temps, des aléas climatiques, et devient un poste
d'observation unique vers le vieux continent.
Au fil de mon séjour je me délecte du passage de nuages parfois menaçants, au
loin, vers le monde civilisé. Tel un marin, qui défie l'océan avec respect, je
me mesure au géant cumulonimbus. Sur l'Ile de Ré ce défi n'est que velléité, car
les cieux se déjouent des orages, et les écartent avec vigueur de ses côtes.
Aussi, je prends plaisir à photographier les
nombreux signes d'un chaos qui sévira à l'intérieur des terres, ou loin dans la
mer, le moment venu. Le sens commun, s'il propage quelques inepties, pourrait
aussi se nommer le "bon sens des campagnes, des montagnes ou des îles".
Lorsqu'au fil d'une conversation bien menée, l'autochtone me raconte ses orages,
j'apprends que l'île de Ré, protégée par son micro-climat, écarte les orages de
part et d'autres de ses côtes. Pas vraiment convaincu, je soumets les lieux
communs à l'épreuve de la science. A l'arrivée d'un front par le sud-ouest, je
constate avec stupéfaction la division du grain en deux parties sur les radars
météo. La première zone d'orages s'étend vers le sud ouest et semble contourner
l'estuaire de la Gironde par le sud. Quant au reste de la ligne de grain, elle
passe au nord de l'île et s'étire sur le nord de la Vendée. Sans tirer de
conclusion hâtive, mes premières observations confirment provisoirement la
théorie des rétais. Les orages violents arrivent semble t-il par le continent.
Dans la mémoire collective des insulaires circulent des histoires, probablement
vraies, de coureurs foudroyés dans les terres et de marins pris dans d'énormes
tourmentes électriques qui ne leur laissent aucune chance.
Aussi, je décide de jeter mon dévolu sur les nuages, le majestueux cumulonimbus
est un sujet qui me captive. Et si,
d'aventure, un orage croise mon chemin, je prendrais le bonus avec bonne humeur.
Entre ciel et terre, mon coeur balance, mais il ne fait plus qu'un lorsque le
ciel se lit dans les reflets du rivage...
Alimenté par la canicule estivale, les cumulus prennent de la hauteur et se
transforment en cumulus congestus, puis en cumulonimbus en fin d'après midi.
Ces petites tours cumuliformes nous montrent la présence d'un fort courant
ascendant ainsi qu'un cisaillement horizontal des vents, à l'origine de
l'inclinaison de la tourelle. Le carburant du cumulonimbus est bien présent ce
jour là.
Ci dessous un cumulonimbus bien dessiné. La marée basse laisse à découvert des
fonds habités par les huîtres, une spécialité rétaise fort appréciée.
Le dôme pénétrant qui surmonte parfois le cumulonimbus démontre son extrême
vigueur.
La beauté des côtes rétaises souligne de superbes cumulonimbus stationnaires au
dessus du continent.
Prête à tout avaler sur son passage, l'enclume ingurgite d'énormes
quantités de chaleur et d'humidité.
Sous les ciels pré-orageux , les couleurs prennent des tons grisâtres. sous
l'enclume du cumulonimbus, de petits lambeaux de cumulus fractus se détachent
d'un fond presque uniforme.
Parfois, de grandes ondulations donnent la réplique aux vagues, pour le bonheur
de plaisanciers en mal d'émotions fortes. Les plus sérieux ne prendront pas la
mer.
Le soleil couchant est une bénédiction pour le contemplateur de nuages. Faisant
successivement briller chaque strate de nuages, le ciel se pare de teintes
rouges, roses puis oranges, avant de s'éteindre dans un violet
profond.
Une fois la nuit tombée, la disparition du soleil laisse la chaleur s'élever, le
cumulonimbus, mature, laisse échapper des lueurs électriques au sein de son
enclume. Au fait de sa vie, il génèrera de la foudre, avant de mourir en se
désagrégeant.
Suite du récit: Orage du 19 juillet 2006
sur l'Ile de Ré...
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