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Interview de GILLES DUPERRON
Photographe-auteur, chasseur d'orages depuis 1993 et co-administrateur de Chasseurs d'Orages
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Depuis début 2010, Chasseurs d’Orages a décidé de
mieux vous présenter les acteurs qui font l’actualité de notre communauté depuis
des années, sans toutefois être restrictif puisqu’au fil des mois, nous
élargirons nos interviews à d’autres acteurs comme des météorologues ou des
chasseurs d’orages internationaux reconnus, ceci afin de porter un regard le
plus exhaustif possible sur la passion qui nous anime, la Chasse aux Orages !
Pour démarrer 2011, nous avons choisi de nous entretenir
avec GILLES DUPERRON, photographe-auteur et surtout pionnier de la
chasse aux orages dans les années 90, en outre également
co-administrateur du site
www.Chasseurs-Orages.com ! Gilles, personnage discret et en général peu
dissert, a bien voulu répondre à nos
interrogations quant à la naissance de sa passion, la
manière dont il la vit et surtout nous la faire partager au
travers de son expérience.
[Entretien avec Gilles DUPERRON – Par Will Hien,
pour Chasseurs-Orages.com]
C-O : Comment est née ta
passion pour la chasse aux orages, quelles sont tes motivations, quelle est ton
approche (distance, seul ou en groupe, etc...) ?
J’ai
acheté mon premier reflex en
1993 et j’ai cherché mon sujet de prédilection,
m’essayant à tout (portrait,
paysage, architecture,… tout ce qui était
photographiable) ; et alors que
j’étais en vacances à la montagne, un orage
éclata sur la chaîne de l’autre
côté de la vallée. J’ai sorti le
trépied et « essayé » de prendre
les
éclairs qui tapaient les roches… Heureux
dénouement lors du tirage de la
pellicule avec 2 photos
« réussies »… et de là,
durant 2 à 3 ans,
j’ai peaufiné une technique de prise de vue.
Pusignan (69) - 12 août 1998
C’est cette recherche de la
technique qui m’a motivé à faire ce genre de photos, sachant également qu’à
cette époque, Internet n’existait pas encore pour glaner quelques conseils, et
je ne connaissais personne dans mon secteur pour me filer quelques tuyaux. Sur
les premières sorties, tout n’était donc que recherche de technique pour
arriver à une photo correcte. Puis, petit à petit, la foudre a pris le pas sur
la technique, et avec les années, j’ai recherché à me rapprocher de cette
force. Au départ, je cherchais à m’approcher au plus près, puis ces dernières
années, je me suis plus focalisé sur les ambiances orageuses, essayant d’éviter
au maximum la pluie… Pour cela, je me repère par les nuages, et l’ambiance
« météo », car je connais fifre en météo et prévision. Et depuis
quelques temps, je cours après les orages en compagnie d’un joyeux drille (Anthony
Xavier) qui fait que c’est animé et qu’on passe de bons moments de franche
camaraderie.
C-O : Les structures
orageuses te parlent donc plus aujourd’hui, c’est ça ?
Oui. Ces dernières années, je
cherche surtout les ambiances orageuses, qui me parlent beaucoup plus qu’un
« simple » coup de foudre proche, même si ce genre de photo peut encore
me faire tripper de temps à autre.
Tournus (71) - 13 juillet 2009 - Supercellule
C-O : Quel est ton pire
souvenir de chasse ? Et bien sûr aussi le meilleur…
Mon pire souvenir est un extra
nuageux qui est tombé hors cadre, alors que je cadrais pour. Mais il s’est
vraiment éloigné de la cellule, déchirant les cieux étoilés.
Le plus gros regret de Gilles...
Le meilleur, un extra nuageux
pris en cadrant comme un portrait, boîtier à 90°, envahissant toute la surface
du champ de prise de vue. Tellement heureux qu’à 11h du soir, je n’ai pas pu
m’empêcher d’appeler ma femme et de partager à distance avec elle cette prise.
Pusignan (69) - 15 juillet 2006
C-O : Quel matériel
utilises-tu ? Que faut-il selon toi pour réussir une belle photo
d’orage/d’éclair ?
J’utilise un Canon EOS 40D avec
divers objectifs, notamment des focales fixes, un ultra grand angle, un zoom ou
deux afin de couvrir au maximum l’orage. Pour faire une belle photo, il faut un
bon trépied, une bonne dose d’instinct, et surtout de la chance… ensuite
quelques conseils en lisant C.O. !
C-O : Qu’est-ce qui te fascine
dans les phénomènes orageux ?
Je crois que c’est la force de la
nature, et le fait qu’en pleine nuit, on soit les seuls témoins privilégiés de
ce spectacle… Et d’un point de vue photographique, de garder une trace de ces
moments éphémères.
C-O : Comment envisages-tu
la chasse par rapport à la météo ? As-tu un truc ?
Je n’ai aucun truc, car je ne
connais rien en météo, mais je regarde les nuages et la couleur du temps, un
peu comme les paysans le feraient, une sorte de méthode indienne, bien aidé en
cela par l’ouvrage d’Alex Hermant : « 100 orages faciles à prévoir ».
C-O : Quels conseils
donnerais-tu aux débutants qui voudraient se lancer dans cette activité
photographique ?
De bien suivre les conseils aussi
bien techniques qu’humains qui fourmillent sur le site de Chasseurs d’Orages et
notamment sur son forum.
Mont Salève (74) - 10 septembre 2006
C-O : A ton avis, peut-on
vivre de cette activité en France ?
Je crois qu’il est illusoire de
vouloir vivre de ce genre d’activité. Avec l’avènement du numérique, il est
déjà difficile pour un photographe professionnel de tirer son épingle du jeu,
alors penser en vivre avec ce seul sujet, c’est de la foutaise !
Cependant, certains le croient et n’ont aucun respect pour ceux qui pratiquent
cela en amateur…
C-O : Quel est ton
"rêve" quant à la photographie d'orages ?
Que cette passion ne s’éteigne
jamais.
C-O : Quelle est, selon toi,
la contribution des chasseurs d'orages à la science et/ou à la collectivité ? Comment
vois-tu l'avenir de cette activité ?
Pour la science, hormis les caméras
à grande vitesse, je ne pense pas que cette activité apporte grand-chose. Par
contre, pour la collectivité, cela permet d’approcher quelque chose qui reste
encore mystérieux et qui peut faire peur en montrant que certaines
« connaissances » ne sont que des légendes urbaines ; j’entends
par là, par exemple, les pneus d’une voiture qui nous protégeraient…
C-O : As-tu d'autres
domaines de prédilection dans la photographie et as-tu un statut particulier
concernant la photographie ?
Hormis
les orages et le mauvais
temps, j’aime beaucoup la photo urbaine mettant en scène
des gens et puis, ce
que mes émotions et mes yeux rencontrent : pour cela
j’essaie de sortir au
maximum avec mon matériel… En témoignent par
exemple ces deux clichés pris lors de l'hiver 2010-2011 :
C-O : L’année 2010 a été
très pauvre en termes d’orages sur le Lyonnais, ta région d’origine… Penses-tu
qu’il puisse y avoir une explication ? As-tu déjà vécu semblable disette depuis
que tu chasses ?
En 16 ans de chasse, je n’ai
connu qu’une seule année aussi pauvre que celle-ci, c’était en 2005… Après,
pour tenter de pouvoir trouver une explication à cela, je ne pense pas avoir
assez de recul et encore moins l’esprit scientifique de la chose pour y
parvenir. Ceci dit, certains n’hésitent pas à imputer ça au réchauffement du
climat...
C-O : Que penses-tu de la
chasse aux orages en France et (ou) en Europe ? (conditions climatologiques,
matérielles, sociales, infrastructurelles, mentalités...)
Je crois qu’il y a eu une
évolution extrêmement rapide ces dernières années avec des organisations qui essayent
de calquer les modèles américains… Les mentalités commencent à évoluer, et on
voit apparaître des mouvements de plus en plus structurés et commençant à
dialoguer ensemble. Des sites, des collectifs, des rapporteurs de terrain,
toute une communauté qui est en train de voir le jour.
C-O : Toi qui chasses depuis
plusieurs années, penses-tu avoir fait partie en quelque sorte des pionniers et
penses-tu que cette activité est en train de se banaliser, vu le nombre de
passionnés qui la pratiquent avec plus ou moins de bonheur ?
Effectivement, il y a 15 ans, la
« communauté » était beaucoup moins conséquente, et les photos
étaient exceptionnelles dans le sens propre du terme, on en trouvait très peu.
Avec l’avènement du numérique et du site Chasseurs d’Orages, cette activité a fait
des émules au fil du temps et il n’y a plus rien d’extraordinaire à prendre une
photo avec un éclair comme sujet principal…
C-O : Enfin, comme cette
interview est destinée au site Chasseurs d’Orages, que penses-tu de cette
communauté ? Quand y es-tu entré et qu’y trouves-tu ?
Je suis rentré dans cette
communauté en 2005 lors de sa création, et j’ai ensuite rencontré Christophe
quelque temps après ; de là est partie notre amitié. Je retrouve très
souvent des compagnons de chasse et cela permet de voir comment a été couvert
chaque orage par les récits de chacun et surtout, de voir les photos qui
deviennent de plus en plus relevées et donnent une motivation supplémentaire,
voire un challenge…
C-O : Si tu as un dernier
mot à ajouter, n’hésite pas !
Longue vie à C.O. !!!
Mont Salève (74) - 10 septembre 2006
Liens externes pour admirer les clichés de Gilles ou le contacter :
Page Facebook : Gilles Duperron - Photographe Auteur
Site internet : Gilles Duperron - Chasseur d'orages
Galerie sur Chasseurs d'Orages : Galerie Gilles Duperron
Merci à C. Suarez,
Maxime Daviron, Anthony Xavier, Mickaël Cayla, Daniel Gauvin et Elsa Monzoniz pour la préparation de cette
interview…
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Site officiel de la liste
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