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Interview de MIKE HOLLINGSHEAD
Un des tous meilleurs chasseurs d’orages et de tornades des USA.
Administrateur du site Extreme Instability.
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The English version of this interview can be read after the French one !!
Voilà
un bon moment ici que nous avions envie d’interviewer un chasseur
d’orages américain et pour tout dire, nous n’avions
que l’embarras du choix. Pourquoi ? Pour une simple raison :
depuis notre beau pays aux reliefs et climats contrastés, nous
sommes littéralement scotchés tous les ans par les
innombrables clichés et vidéos nous parvenant des
Etats-Unis, montrant des supercellules incroyables et des tornades
impressionnantes. A dire vrai, nous rêvons tous
secrètement de faire face un jour à un de ces monstres,
sorte de Graal du chasseur d’orages et ce n’est
d’ailleurs pas un hasard si nombre d’entre nous
décident un jour de partir passer un mois dans la Tornado
Alley… Aux yeux de certains, c’en est même presque
devenu un passage obligé, une sorte de rite initiatique de la
chasse aux orages !
Quand il a fallu faire un choix pour savoir qui nous allions
interviewer, il n’a pas été trop difficile de nous
tourner vers MIKE HOLLINGSHEAD et son superbe site EXTREME INSTABILITY
- www.extremeinstability.com
. En effet, depuis plusieurs années, Mike parcourt en long et en
large le centre des USA, en quête de LA cellule à ne pas
louper et il nous ramène tous les ans des clichés
incroyables de cellules grandioses et de tornades tout aussi infernales
!
Nous l’avons donc contacté en fin d’année
2010 et il a bien voulu répondre à nos nombreuses
interrogations, de surcroît de manière prolixe !
C’est à cet entretien exclusif pour Chasseurs
d’Orages auquel nous vous invitons, d’autant plus exclusif
que Mike n’aime pas trop se livrer dans les médias,
préférant laisser parler son talent de photographe en
solitaire. Donc, si nous n’avions qu’un seul conseil
à vous donner, à la suite de la lecture de cette
interview, allez visiter le site de Mike, vous en prendrez plein les
yeux !
Vous voilà maintenant plongés au cœur des supercellules tornadiques ! Enjoy…
[Entretien avec Mike HOLLINGSHEAD – Par Will Hien & Sophie Carron (traduction), pour Chasseurs d'Orages]
C-O : Mike, peux-tu te présenter ?
Mon nom est Mike Hollingshead, je suis né
et j'ai grandi dans le Nebraska, à Blair (ville du centre des
Etats-Unis). Je suis allé jusqu’au Bac et c'est à
peu près tout pour les études. Je me suis inscrit
plusieurs fois à l'université, mais j'ai rapidement
arrêté à chaque fois.
C-O : Comment en es-tu venu à photographier les orages ?
J'ai commencé en tant que chasseur d'orage,
sans plan ni désir particulier pour photographier les orages.
Mon truc, c'était juste de filmer avec une petite caméra.
J'ai vite vu des ciels sympas, et j'ai réalisé qu'il me
fallait un meilleur matériel pour publier sur mon site. J'ai
donc dû acheter un appareil photo, un Sony F707, en Juillet 2002.
Je n'avais que très succinctement possédé un
appareil photo auparavant, un argentique, durant quelques mois en 1996.
J'ai dû utiliser 4 pellicules avant de l'échanger à
ma sœur contre sa caméra. J'ai commencé à
chasser les orages le 16 mai 1999, mais j'ai toujours filmé et
regardé les orages depuis ma ville.
C-O : Les USA
étant un très grand pays, je suppose que tu as dû
parcourir pas mal de bornes depuis 1999…
Regarder les orages depuis chez soi et partir en
chasse sont en fait deux choses très distinctes. Si jamais vous
voulez rencontrer des orages incroyables, vous allez devoir faire des
tas de kilomètres, souvent pour rien. Chaque année, je
fais plus de chasses que la précédente. J'en fais
actuellement plus de 40 par an, ce qui est plus que suffisant. En 2005,
par exemple, j'ai parcouru plus de 29.000 km juste pour chasser les
orages. En 2006, c'était environ 35.000, du Texas au Dakota du
Nord, du Colorado à l'Indiana. On peut vraiment devenir accroc
à ce truc ! Il est difficile pour moi de regarder en
arrière et de mesurer à quel point de telles choses sont
de la folie. Je me suis levé tôt le matin, j'ai
roulé du Nebraska au Texas pour rien, juste dans l'espoir de
voir des nuages sympas. Sauf que pour un chasseur, ça ne semble
pas fou du tout. Si je me concentre beaucoup, j'arrive à
entrapercevoir à quel point c'est dingue. Les
probabilités de voir quelque chose d'incroyable sont parfois
faibles mais vous y allez quand même, de peur de manquer quelque
chose. Ça peut être un hobby très sain si vous le
faites sérieusement année après année.
C'est un peu déprimant d'être loin de chez soi, et de voir
des villes nulles, ou rien du tout, avant d'entreprendre le chemin du
retour, souvent épuisé... et recommencer encore et encore.
C-O : C’est devenu ton métier à quel moment ?
Si on peut appeler ça comme ça,
depuis mars 2004. J'ai quitté mon ancien emploi car je le
détestais. Je n'avais aucune idée de ce que j'allais
faire : mon seul plan était de chasser durant tout le printemps
2004, et ensuite de trouver un emploi en été ou en
automne. Le temps a passé, et 6 ans plus tard, je n'ai toujours
pas d'autre travail en dehors de "ça". Je ne sais pas combien de
temps je vais pouvoir continuer ainsi, mais je vais essayer de
m’y tenir. Être libre de chasser quand bon me semble est
évidemment un atout pour être capable de trouver des ciels
sympas. Si je trouve un emploi, je vais évidemment moins
chasser, mais je continuerai autant que faire se peut.
C-O : Et pour le moment, c’est toujours d’actualité ? Es-tu toujours photographe professionnel ?
Je le suis, mais je suis toujours juste niveau
finances. Je ne sais pas si je ne vais pas devoir reprendre un vrai
travail en 2011. J’ai un seuil de dettes que je ne veux pas
dépasser. Ce seuil, c’est 10.000 $... Le problème
est que je me tiens dans les 5.000 $ de dettes depuis 2005. Ça
commence à dater. J’ai toujours su que mon activité
ne durerait pas, ce n’était même pas censé
arriver. Mais c’est comme ça et j’hésite en
ce moment pour 2011, savoir si je vais pouvoir continuer à ce
rythme…
C-O : La chasse aux orages est-elle pour toi un exercice solitaire ?
Oui. En plus de 250 chasses, je n’ai jamais
emmené quelqu’un avec moi. J’ai bien quelques amis
chasseurs d’orages rencontrés sur la route au fil du
temps, c’est cool de les revoir tous les ans, on fait parfois un
petit bout de chemin commun, mais de là à emmener des
gens avec moi, non merci. Je ne vois que des points négatifs
dans l’idée de partir avec quelqu’un : la prise de
décision est si simple quand tu es seul ! Il n’y a que toi
à blâmer ou à plaindre quand ça ne va pas.
Tu es le seul responsable quant à savoir quand tu pars chasser,
quand tu stoppes la chasse, et tu vas où tu veux quand tu
veux… Et puis, quand tu es seul, tu peux mettre la radio
à fond dans ta caisse, personne ne t’embêtera avec
ça (rires) ! Je me rends compte que cette manière de
faire me va très bien, que j’ai même besoin de cette
solitude, afin de n’être responsable de personne
d’autre que moi, même si évidemment, le fait de
voyager seul me coûte à chaque fois un bras et une
jambe…
C-O : Quand
cette passion et fascination pour les phénomènes orageux
ont-elles commencé ? Qu’est-ce qui les a
déclenchées ?
Rien en particulier. J’aime les orages
depuis que je suis tout petit, comme beaucoup d’enfants. Mon
premier souvenir remonte à mes 7 ans, j’étais dans
un parc, et j’imaginais que je pouvais faire souffler le vent
plus fort ! C’est facile de s’intéresser aux orages
quand tu vis ici mais c’est autre chose de les chasser,
c’est sûr. Ça a dû commencer avec les images
que j’ai vues sur le net et les photos de chasseurs
d’orages dans les années 90. Je n’avais pas
imaginé que ça pouvait être aussi beau en photo et
en vidéo, c’est là que je me suis mis à les
chasser. Ici, beaucoup pensent que suivre un orage, c’est le
chasser. Comme je l’ai déjà dit avant, ma
première « vraie » chasse remonte au 16 mai 1999.
Avant cette date, il ne s’agissait que d’observation
d’orages près de chez moi.
C-O : Que ressens-tu quand tu chasses un orage ? Qu’est-ce qui te fascine ?
C’est de l’anticiper. Imaginer ce que
l’orage va faire, s’il n’est pas déjà
en train de faire un truc dingue. Tu essaies de faire des «
prévisions », des vidéos et t’imagines son
mouvement, mais souvent tu n’as pas le temps. Tu es trop
occupé à immortaliser ce que tu as devant toi. Et en
gros, tu te sens mal car il est clair que ton orage a des
problèmes ! Les processus complets menant au
déchaînement d’un orage et d’une tornade
me fascinent. Au bout d’un moment, tu sais ce qui est en train de
se passer et ce qui va arriver, en gros. Quand mes prévisions
sont bonnes, en général, je mets ma main devant la bouche
et je crie ! Ça fait partie de la chasse, quand tu n’en
reviens pas de voir ce que l’orage peut produire.
C-O : Quel est l’orage le plus violent auquel tu ais assisté ?
En choisir un est difficile. Ils peuvent
être tellement similaires et différents qu’il est
difficile d’en choisir un en particulier. Celui qui s’est
formé dans les environs de Bowdle, le 22 mai de
l’année dernière, est un de ceux-là.
Lien : Bowdle - Dakota du Sud / 22 mai 2010
Le mouvement était vraiment intense et
j’étais très proche. J’étais juste
devant la partie nord de la ville, là où
c’était DINGUE, j’étais déçu de
ne pas être plus près.
La tempête de grêle en Dakota Du Sud l’année
dernière, qui détient le record du monde avec ses
grêles de 8 cm de diamètre : ça a dû
être violent, mais je n’étais pas dessous !
J’étais pourtant proche, à quelques
kilomètres... Je n’avais cependant aucune idée
qu’un record du monde avait lieu si près de chez moi.
J’essaie toujours d’être proche des
événements, d’être à l’affut,
sans être dedans, car sinon tu risques de ne pas voir
l’orage évoluer. C’est dur de faire ça.
C-O : Il y a
beaucoup de chasseurs d’orages aux Etats-Unis et vu d’ici,
il semblerait qu’il y ait une concurrence terrible entre vous. En
France, ce n’est pas le cas, seule une personne peut se targuer
honnêtement de vivre de cette passion. Tu arrives à te
faire du fric ?
En fait, ici, beaucoup vendent des
vidéos, mais c’est en train de changer. Je n’ai pas
vendu de vidéo depuis 2003 ; juste avant que je quitte mon
ancien travail. Je n’en suis jamais arrivé au point
où je devais absolument vendre quelque chose pour pouvoir
continuer. Je m’en moque. Je sais que c’est comme ça
dans le monde de ventes de vidéos et je ne trouve pas ça
très marrant. J’ai toujours eu cette attitude qui vise
à me laisser guider par l’activité et en vivre mais
sans pour autant laisser cette activité me détruire. Si
ça ne marche pas, alors je reprendrai le travail. Ce
n’est pas ma façon de voir les choses, donc la
concurrence ne m’atteint pas.
En ce qui concerne l’argent, hum hum... En
fait, je suis assez paresseux. Je ne fais rien pour avoir de
l’argent. Si tu t’appliques, je pense que oui, tu peux te
faire de l’argent. J’ai eu beaucoup de chance en même
temps. Mais il y a tellement de gens qui achètent de bons
appareils photos et vont chasser que ça me semble perdu
d’avance. Je suis content d’avoir commencé sans
chercher à me faire de l’argent. C’est important si
c’est un passe-temps que tu aimes. C’est comme une ligne
qui sépare le passe-temps du travail. Si tu t’y prends
mal, tu peux en arriver à détester ton loisir.
J’espère ne plus me faire d’argent avec ça.
Ça paraît encore plus « excellent » si ce
côté financier n’est pas présent. On
pourrait écrire un livre là-dessus !
Et je n’ai vraiment aucune idée de ce
que les autres ont déjà fait. On dirait que pas mal de
chasseurs ont dû reprendre un vrai travail et d’autres sont
comme moi, avec cette limite de dettes à ne pas dépasser.
Acheter du nouveau matériel ne rend pas la chose facile. La
vérité, c’est qu’il y a des millions de
manières d’utiliser les photos d’orages. Et
ça se sait de plus en plus alors plus de gens s’y mettent.
La plus grosse vente que j’ai eue était avec une compagnie
qui fabrique du rhum (rires). Ce n’était pas une somme
énorme, enfin, selon moi... Bref…
C-O : Comment
les gens et les autorités perçoivent-ils les chasseurs
d’orages aux Etats-Unis ? Ils prennent en compte ce que vous leur
dites ?
Je ne vois les autorités que rarement. Et
c’est encore plus rare que je leur parle. Ce n’est
arrivé que quelques fois lors de mes milliers de chasses.
Peut-être aussi parce que je chasse en campagne. De plus, les
autorités s’occupent plus de l’orage et des quelques
rares dégâts. Si leur priorité est de ne pas aller
derrière l’orage alors ils n’y vont pas. J’ai
très très rarement vu des dégâts dus
à un orage. Donc je n’ai pas beaucoup
d’intérêt. Et puis c’est rare qu’un
orage causant une tornade ne soit pas signalé à
l’avance. C’est arrivé une fois. Donc, en fait, on
n’a pas vraiment besoin d’aller voir les autorités
pour leur dire quoi que ce soit. La SEULE fois où
j’ai composé le 911 (NdWill : numéro
d’urgence aux USA), c’était pour une tornade qui
n’avait pas été annoncée.
L’opérateur m’a dit « monsieur, nous avons des
observateurs ». Je me suis dit : oui, eh bien, ils n’ont
rien vu alors.
Ce que pensent les gens, je n’en sais trop
rien. Je pense qu’ils aiment savoir ce qui va se passer.
D’autres lèvent les yeux au ciel quand tu essaies de leur
donner des informations. Je ne ressemble pas à un chasseur quand
je suis sur place et je parle rarement aux autres. Donc je n’ai
pas trop d’expériences à ce sujet non plus.
Le plus gros problème, c’est d’essayer de shooter un
éclair dans des chemins de terre. Les fermiers pensent toujours
que tu prépares un mauvais coup. Un jour, un gars m’a
annoncé que la Corée du Nord faisait des essais
nucléaires, qu’il était devant sa
télé et qu’il avait été
dégoûté de devoir venir voir ce que je faisais. Je
lui ai dit : « mais la Corée du Nord n’a rien
à voir avec moi ! Il y a des gens bizarres ici. » Et puis,
il m’a dit qu’il avait informé le sheriff. Je me
suis dit, « mais merde, c’est juste un chemin de terre
». Il y a plein d’histoires bizarres comme ça.
C-O : Comment
les habitants de la Tornado Alley vivent-ils avec la menace annuelle de
supercellules tornadiques ? D’un point de vue pratique et
psychologique ?
Je ne sais pas trop quoi dire là-dessus non
plus car je ne suis pas ça de près. Je suppose
qu’ils sont habitués. Je présume que ce n’est
pas vu comme une menace. Mais c’est clair que les grêles
grosses comme des balles de baseball ou même plus grosses font
toujours peur. Les vents forts sont aussi durs à vivre, les
vents de 120 km/h ou plus. Même un chasseur a du mal. Par exemple
dans ma ville : je ne me rappelle pas la dernière fois où
on a eu de tels vents ! Je ne me souviens que d’une averse de
grêle terrible en 2004. Mais à part ça, rien. Et
aucune tornade n’a frappé cette ville de 10.000 habitants.
Donc, dans les vastes plaines, les gens voient ça comme…
comme pas grand-chose. Mais les orages très violents ne sont pas
si fréquents. En fait, tu entends les sirènes mais tu ne
vois pas forcément de tornade. Les événements les
plus meurtriers ont lieu dans les états vallonnés,
forestiers et marécageux. C’est rare les tornades, la
nuit, dans les plaines. Et en fait, je ne suis jamais allé
là-bas. Bien sûr, les orages doivent être plus
violents. Et donc les productions de grêle doivent être
pires dans les plaines. Mais pas les tornades.
On dirait que les gens ne sortent que quand les
sirènes s’arrêtent. Ou alors, ils chassent ! Dans
les états du sud où il y a des plaines, quand il fait
mauvais, la télé en parle beaucoup. Donc les gens ont des
idées plein la tête. Et ils ont moins de fondations en dur
pour leurs maisons ici, sûrement à cause des sols
difficiles. Je ne me suis jamais intéressé aux aspects de
sécurité, de dégâts ou de mises en garde.
C-O :
Qu’est-ce que qu’Internet t’apporte pendant tes
chasses ? Tu fais partie de ceux qui sont scotchés devant leur
écran ou tu as encore cet « instinct » de chasseur ?
Je déteste cette idée d’
« instinct » et d’analyse du ciel. On ne parle de ces
2 choses que lorsqu’elles s’avèrent vraies. Personne
ne parle des moments où cet instinct s’est trompé.
Je pense que ce sont plutôt les connaissances qui créent
cet instinct. Les systèmes d’analyse du ciel, qui se
vantent d’être les meilleurs, sont aussi inutiles et
stupides selon moi. En fait, ces systèmes ne font
qu’informer la personne sur les lieux où elle se trouve
déjà, et n’ont qu’une utilité
limitée sur les autres endroits. Ça te dit ce que
l’orage est capable de faire mais c’est tout.
J’aime avoir Internet avec moi maintenant
mais c’est bizarre. Ça ne dit pas grand-chose de plus que
tes « lectures ». Je veux dire que tu peux savoir ce que tu
veux, avec internet ou en ayant fait tes recherches à la maison
ou à la bibliothèque. Mais oui, je ne vais pas m’en
débarrasser de si tôt. Si ton orage change et que tu veux
aller ailleurs, alors Internet va t’aider. Mais pas la lecture du
ciel. Ni cet « instinct ». Je pense que ce n’est
qu’un mot qui rend la connaissance plus cool. Et oui,
l’outil le plus utile est la connaissance. La connaissance qui
dit à tes instincts ce qu’ils devraient te dire.
Je me sens parfois coupable de rechercher trop
d’infos quand j’ai un orage en face de moi. Et ça
m’a causé du tort plusieurs fois. Je n’utilise pas
les données quand il faut se placer ou s’orienter. Je
n’ai jamais compris pourquoi les gens l’utilisaient pour
les rotations. Je n’ai jamais mis l’option rotation sur un
radar. Je trouve que c’est stupide et inutile quand tu chasses.
Seulement quand je veux aller dans l’orage où ça
peut être risqué. Et même dans ce cas, si tu as
besoin de rotation radar pour ça, c’est trop
aléatoire. Je ne préfère pas l’utiliser pour
ça, je préfère garder les yeux ouverts.
C-O : Tu penses que les orages d’Amérique du Nord ont quelque chose de spécial par rapport aux autres ?
C’est certain et pourtant je suis
déjà allé ailleurs. C’est difficile
d’ignorer l’évidence. C’est difficile de faire
mieux qu’une cellule en provenance du Golfe du Mexique, venant se
heurter aux Montagnes Rocheuses et se mélangeant au Jet Stream.
Les systèmes restent « secs » en traversant la
montagne de l’ouest, et puis ils éclatent et se heurtent
à un sol bas. Donc quand un orage se produit ici, l’aspect
visuel est plus important que nulle part ailleurs. Imagine
d’où ils arrivent et à quoi ils ressemblent.
C’est très très rural dans l’est des
Rocheuses. Beaucoup d’orages ne sont même pas vus ou pris
en photos. Et ceux qui ont pu les voir ou les photographier ont souvent
manqué la prise de leur vie car ils ne pouvaient y
accéder par manque de routes.
C-O :
Recherches-tu, lors de tes périples orageux, à faire
primer la qualité photographique de tes reportages ou à
approcher au plus près les phénomènes, au
détriment parfois de la composition photographique ?
Eh bien, aujourd’hui, ce n’est plus
vraiment un problème avec un 10mm. Tu peux être en-dessous
d’un orage et le capturer pleinement tout de même. Et
même avant, avec un 17mm, tu ne devais pas être si loin que
ça pour avoir une grande part de la structure.
Ce qui a toujours été important,
c’est d’être au nord-est de la base de la cellule.
C’est là que j’essaie toujours d’être,
même s’il pleut ou grêle. A cet endroit, la structure
a 99% de chance d’être la meilleure, la plus spectaculaire.
Et il y aussi beaucoup moins de chasseurs là, pour des raisons
que j’ignore. Certaines personnes ne croient même pas
qu’ils s’agissaient du même orage, simplement car
elles n’étaient pas dans le même petit « coin
».
Mais je me bats pour capturer des tornades de
près. Simplement car il n’y en a pas tant que ça et
que tu es pris par la volonté d’avoir une structure quand
il n’y a pas de tornade. Je jure que je serais un chasseur de
tornade pendant un an ou plus pour avoir de meilleurs shoots de
tornades mais si tu fais ça, alors tu risques de passer à
côté de la plus surprenante structure d’orage.
Beaucoup s’en moquent. Voici un exemple de Chris Collura, sur un
orage où je n’étais même pas, dommage.
Il y a avait au moins 1000 chasseurs sur cet orage et seulement 1 ou 2
ont su capturer cette structure. Les autres étaient en-dessous
à essayer d’avoir un « cône » de
tornade typique pendant qu’il se formait. Et même ceux qui
ont eu la structure se concentraient sur la tornade. C’est dingue
: tu peux avoir des structures comme ça une fois tous les 10 ans
alors que photographier une tornade par le dessous est plus banal, et
c’est pourtant le choix qu’a fait la majorité des
gens. Ça m’a vraiment rendu dingue de ne pas avoir pu y
être.
C-O : Comment tu t’occupes pendant la basse saison d’orages ?
Tempêtes de neige, migrations des oies,
blizzards, saison des brouillards, en gros voilà. Mais
j’ai déjà vu des tornades en mars et en novembre.
La basse saison n’est pas très longue ici. Si
j’étais malin, je trouverais un travail pour cette
période-là.
C-O : Quels sont tes rapports avec la Nature, à travers tes photos ?
Je ne sais pas trop quoi te dire. Voilà
comment je ressens les choses : parfois, tu vois un super film et tu
insistes pour que tes amis le visionnent aussi. Il faut qu’ils le
voient ! C’est ce que je ressens avec la Nature. Je veux la
photographier et la montrer. Tu vis et vois certaines choses et tu as
envie de le partager avec les autres…
C-O : Quelle a
été ta chasse la plus effrayante ? Celle où tu as
senti que tu es allé trop loin, quand tu as senti l’orage
du bout du nez, quand une rain wrapped wedge tornado est passée
juste devant ta voiture ?!
Je n’ai jamais vraiment vécu de
choses très effrayantes, même si j’ai eu peur plein
de fois. Le plus effrayant s’est passé en 2009 quand
j’ai voulu aller photographier une tempête de neige.
C’était après la tempête, le jour
suivant… Le ciel était bleu et pour rouler, le sol avait
été sec pendant des heures. Je n’avais pas
remarqué que le sol avait gelé. Je roulais à
100km/h dans un 4x4 quand j’ai fait un tête-à-queue
et j’ai perdu le contrôle. Partir sur le
bas-côté à cette vitesse est quelque chose qui
restera toujours gravé dans ma mémoire. Tu as juste le
temps de te dire que tu vas mourir. Mais je ne sais pas comment, la
voiture est restée sur ses 4 roues, est allée
d’avant en arrière en tournant encore et encore
jusqu’a ce que je finisse dans le fossé. Ça a
été un vrai choc.
Tu sens souvent que tu vas trop loin quand tu veux
aller à l’avant d’un orage tornadique. Ça se
passe souvent comme ça : tu es sur une route qui mène au
sud et tu vois l’orage s’avancer et devenir
intéressant. Mais tu ne veux pas te positionner car tu sens que
ça va craquer. Et puis, il ne se passe rien et tu es
obligé de rouler au Sud trop vite, ou alors aller au Nord pour
être au centre, avant d’avoir une option de rouler à
l’Est pour le voir de derrière. Alors, tu fonces au Nord
et souvent, tu regrettes ce choix. Parce que pendant que tu vas
à l’Est, tu es sous la pluie et tu te bats pour avoir la
zone d’intérêt qui est au Sud-Sud-Ouest. Et le
cœur de l’orage ne te laisse pas le temps de le rattraper.
Souvent, ça te ralentit. Et souvent tu te dis "je devrais faire
demi-tour et le laisser passer". Mais que va-t-il se passer si tu es
déjà trop sur la direction de la tornade ? Alors, tu
continues à l’Est en espérant arriver avant la
tornade. Je déteste faire ça mais je le fais souvent. Et
c’est 10 fois pire de nuit. Il y a tellement d’exemples
comme ça ! Avec un ami, par exemple, on a fait la tornade de
Greensburg, Kansas, mais du côté nord. Et tu rends compte
que c’est ridicule car la tornade était aussi au sud.
C-O : Quelle est ta photo d’orage ou de tornade préférée ? Et pourquoi ?
Je ne peux pas répondre à cette
question et on me la pose à chaque fois. C’est impossible
de choisir. Je suis assez objectif sur les « bêtes »
de juillet au Nebraska. Ce sont sûrement mes orages
préférés. C’est tellement dur d’avoir
des supercellulles après juin. Et ceux-là sont souvent
dans des environnements assez dénaturés.
Voilà un exemple : Supercellule + Tornade - Nebraska / 12 juillet 2004
Cet orage faisait 21 km de hauteur !
L’évolution de la tornade a été dingue
à observer. Au début, elle ne bougeait pas du tout. Et il
n’y avait presque pas de chasseurs. La petite photo pue
là-dessus, mais voilà ce que j’ai vu ce
jour-là.
Encore une autre « bête » de juillet : Supercellule - Dakota du Sud et Nebraska / 13 juillet 2009
Il y a pas mal de clichés de cet
orage sur Extreme Instability avec un bon aperçu de la cellule.
L’arcus était très instable avec un vent de dingue,
d’environ 100 - 120 km/h. J’ai aimé le message
d’alerte sur celui-ci, ça disait : « en plus
d’une tornade, cet orage est capable de faire des grêles
grosses comme des balles de base-ball avec des vents dépassants
les 100 miles par heure ». Il n’y a pas de routes dans
cette région et la chose embrassait tout l’horizon.
C-O : Merci pour
tes réponses Mike ! C’était cool de
t’interviewer ! J’espère que tu as également
apprécié ! Un petit mot à nos chasseurs
d’orages français ?!
Bonne chance pour 2011 ! On dirait que vous avez
aussi des orages dingues par chez vous. Je suis assez jaloux de
certaines photos d’éclairs vues sur le site Chasseurs
d’Orages. Merci mon Dieu !
Liens externes pour admirer les clichés de Mike Hollingshead ou le contacter :
Page Facebook : Mike Hollingshead - Facebook
Site internet (une mine d'or avec de très nombreux clichés en grande taille) : www.extremeinstability.com
Merci
à Christophe Suarez, Maxime Daviron, Louis Jouandanne, Nicolas
Baluteau, Jonathan Lamarche, Henri Buffetaut, Daniel Gauvin et
Christophe Asselin pour la préparation de cette interview, au
travers du forum de Chasseurs d'Orages…
Remerciements spéciaux à Sophie "Sophiecat" Carron (Metal Obs' Magazine / Noiseweb) pour la traduction.
Autres interviews de Chasseurs d'Orages:
Alex Hermant
Philippe Talleu Mickael Cayla Gilles Duperron
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English version
Interview MIKE HOLLINGSHEAD
One of the best storm and tornado chaser in the USA.
Administrator of the website Extreme Instability.
We wanted to interview an American stormchaser for a long time and to
tell the truth we had loads to choose from. Why? For this simple
reason: from our contrasted landscape and climate, each year, we are
completely bluffed by the plenty of shots and videos taken in the USA,
showing amazing supercells and stunning tornadoes. To be honest, we all
dream of facing one of these monsters one day, which are a sort of
quest for the Holy Grail for any stormchaser and that’s why many
of us sometimes decide to spend a month in the Tornado Alley… To
some, it’s even become THE thing to be done, like a ritual
passage to the stormchase!
When we had to choose which one we would interview, it was easy to pick up Mike HOLLINGSHEAD and his fabulous website – www.extremeinstability.com
. Indeed, for many years, Mike is travelling throughout the middle of
the US, looking for THE cell one should not miss and each year, he
brings us these incredible shots of wonderful cells and crazy
tornadoes! We then contacted him late 2010 and he agreed to
answer our numerous questions and he was very talkative indeed! We
provide you with this exclusive interview for Chasseurs d’Orages,
it’s even more exclusive as Mike doesn’t like talking to
medias much, prefering his shots to talk for themselves. So if there
was only one thing we could tell you after you’ve read this
interview is to go and check Mike’s website, you won’t
believe your eyes!
You are now in the depth of tornadic supercells! Enjoy…
Hello Mike ! On your website, you wrote this (I think i twas in 2009….) : If I do get a job, I'll certainly chase less, but still be able to chase plenty living where I do. Then, my 1st question is easy : are you still a professional stormchaser / photographer ?
I am, but just barely! I'm constantly at the
point of being too in debt to keep letting it happen. For
instance I'm not sure one way or the other if I'll have to get a real
job before 2011 gets going. I have a level on my credit
card I use that I don't want to go past. It's like $10,000.
I swear I've been between that and $5,000 constantly since, oh,
2005. This gets old, it really does. I've always known it
won't last and work forever, it wasn't even planned to happen to begin
with. It's just happened.
When did this passion and fascination for stormy phenomenons begin? What started it all?
I had no one thing that kicked it off. Just
always liked storms since I was a kid, like many. My earliest
memory of anything might have been, oh 7 years old in a park thinking I
could make the wind blow harder lol. It's easy to be interested
in storms living here. It's a whole nother thing to chase them
obviously. I gather that was set off by the internet age and
images from other chasers in the 90s. Had no idea they could be
as cool looking as I was seeing online and in videos and just wound up
having to start chasing them down. Many here try and count any
storm observing as chasing. I don't count anything as a first
chase till May 16, 1999. Anything before that was simply watching
storms near town.
What do you generally feel when you’re facing a storm? What fascinates you?
I guess anticipation. What is the storm
about to do if it's not already doing something crazy. In some
ways you are trying to take stills, video and figure out navigation,
that you don't always have much time to even feel I guess. Too
busy thinking ahead and capturing what you can right then. Then
obviously much of the time it's just feeling bad, because it is obvious
your storm has issues lol.
The entire process leading up to storm madness or tornadogenisis
fascinates me. After a while you just have a good idea what is
happening and to some degree what is going to happen soon. That
is a lot of the feeling, that anticipation of what you can tell is
probably going to happen soon. Just not a lot to feel “at
the time” it seems. Too busy when the going is good.
When it is going real good I will often put my hand over my mouth and
sorta be screaming into it. That is a great part of chasing, the
point where you can't exactly believe what the storm is doing or
looking like.
What is the most violent storm you experienced?
Singular “most” this or that
experiences are tough. So many can be so similar or just
different it becomes hard to define any one on many aspects.
Bowdle last year May 22 would rank up there. The motion was so
intense and I was actually really close to that for once. At
least before the INSANE part north of town I largely blew by not being
closer then.
Link : Supercell + Tornado - Bowdle - South Dakota / May 2010
So many storms you hardly even experience them
exactly, other than the visual display ahead of them. Like I'm
sure the world record 8 inch diameter hail storm in South Dakota last
year would have been violent had I been in that hail! But I was
always staying ahead of it, not having a clue world record stones were
dropping at the time just down the road. And by and large that is
how I chase, as ahead of things as possible. Because getting into
the intense stuff can lead you to not staying with or ahead of the
storm obviously.
That is a tough one in that sense.
There are a lot
of storm chasers in the US and there seems to be a fierce competition
between them. In France, it’s not the case at all, I think only 1
guy can live by this activity… Yourself, can you make (a lot of
) money out of this passion?
Well, most seem to sell video here, though it's
changing. I haven't sold video since 2003, before I quit my old
job. I've never gotten into any aspect of that where one has to
sell something right away that day or miss out. Screw that.
I know that is how a good chunk of that video world operates and that
just doesn't sound like much fun. I've always had the attitude
that I'll let this work but not make it something that kills the
activity for myself. If it stops working, fine I'll get a
real job again. Kinda my attitude, so just no area for any real
competition there or anything.
As far as money to be made, hmmm. The thing is I'm lazy at this
side of things. I don't apply myself at all to make money.
I think if one did then yeah they could probably get a good bit.
I've been really lucky at the same time too. But the more folks
getting good cameras and the more chasing, it continues to seem like a
lost cause, even to me at this point. It is what it is and that
is a big thing to consider if one plans to try to make any money.
I'm glad I “entered” this not even trying to make
money. Kinda important to keep that aspect alive if it's over a
hobby you already loved. Like a fine line one should walk if they
take their hobby and try to make a living off it. Do it wrong and
you can hate the hobby. I often look forward to no longer having
an income from it. It actually sounds GREAT more often than not
to be done with that aspect. A book can be written on all that
and what sorta gets old lol. Plenty of downsides to it.
And I really have no clue what others have made. It seems many
storm photogs have had to return to a real job and if not are like me,
walking that debt line deal, where you stay fairly even but never put
the debt to rest. Buying new gear doesn't help this.
The one truth is there are a billion uses for images of storms.
And this fact is known more and more each day and more are doing
it. The biggest single sale I've had was for a Rum company of all
things for instance. Wasn't that crazy big of a sale and that is
the other thing, least for me, it's not been big paying things....but
plenty of lower paying things. Anyway, nuff said on that.
How are storms
chasers regarded by the people and authorities in the US? I mean, do
the authorities pay attention to what you tell them, to what you see
(when you’re in a stormy area)?
I rarely ever see authorities. I even more
rarely end up talking to those I do. Seems like only a couple
times out of a few hundred chases. Mostly because where I
end up chasing is always in very rural areas. The other thing is
most authorities are dealing with the storm and any rare damage
issues. If one makes it their top priority to not get behind the
storms, they never cross damage paths. I've very very rarely been
in or seen storm damage. So for me, I don't have much input.
Also, it is exceedingly rare a storm producing a tornado wasn't tornado
warned for in advance and during. I can think if only one time
I've seen it. So in that sense there's often little need to be
talking to any authorities letting them know this or that. The
ONE time I called 911 here for an unwarned tornado, the operator says,
“Sir, we have spotters out.” I thought, yeah well
they aren't seeing this then.
Anyway, it's just quite rare a storm producing a tornado isn't warned
for in advance. Reporting is quite saturated here as well.
And staying ahead of the storm one rarely will see either wind or
hail. I've just had a very tiny amount of experience in that
whole department.
As for people and what they think, not really sure. I think they
appreciate any insight in advance of things. Others just roll
their eyes at you as you bother to give them some useful
information. I don't look like a chaser while out there and
rarely talk to anyone either. So not much experience there
either. Biggest problem is just trying to shoot lightning at
night from some gravel road somewhere. Farmers always think you
are up to something. One guy one night informed me how North
Korea was setting off nukes, after he was all upset he had to come out
and see what I was doing. I'm like, yeah ok but what does North
Korea have to do with me! There's some odd folks out there.
Then he finished by informing me he had the sherrif on the way.
Thought, dude, it's a gravel road. Plenty of odd stories from
just those night lightning ops.
How do the
inhabitants of Tornado Alley live with the idea of yearly “stormy
super cells”? From a practical and psychological point of view
(safety measures, protection of the goods and the population)
I don't know what to say here either as I don't
follow too much of that side of things. I guess maybe it is just
the norm so it doesn't seem I know what to say about it. I guess
it's not a huge deal, because most areas won't see anything that
bad. The one thing that seems clear to me is it is quite hard to
get truly severe hail, like baseball or bigger. The other is to
get truly severe winds, 80mph or more. Even as a chaser it's
fairly hard to even come across those. I can take my own town for
instance. I can't remember the last time 80mph or greater winds
even happened here. I can only remember one instance of just
barebly baseball hail in 2004. Take those two away and it gets
real had to think of anything surpassing them. And I know of no
tornadoes to hit this town of 10,000. So most areas of the vast
plains can simply look at it like that....not a big deal. Even
the beasty violent storms, as rare as they are, also tend to be pulsy
in that violence.
What you most get are plenty of sirens and no tornadoes. The more
deadly stuff usually takes place in the hilly, tree filled, and swampy
southeastern states. More population and night setups happen
there far more frequently than the plains. It's pretty hard to
get night tornadoes in the plains, generally speaking. Inversion
kicks in and stuff is elevated, often not long after sunset.
Early season cold systems are different aloft with colder air, but then
bringing in rich moisture off the gulf. So things are different
there, more population there as well, a lot more. And the fact
I've never even been there. So as far as the alley goes, it's
rural enough and day time enough, it's not “that
bad”. Course the storms may be “more violent” I
guess. And in that sense it would just be hail production is
worse on the plains. Tornadoes wouldn't be. I'm rambling.
Seems most people nowadays just go outside when the sirens go
off. That or they are already chasing! The tv coverage in
the southern plains states is quite intense on severe weather, so
people very largely have lots of heads up on things. The same
time they have less basements there, I guess due to the harder terrain.
If there is one subject I've never kept any tabs on, it is the safety, damage, and warning aspects.
What does Internet
bring to you during storm chases ? Are you one of these chasers stuck
to their computer screen or do you still have this “chaser
instinct”?
I hate the whole “gut feeling” thing
and also the “sky reading” thing. One only ever hears
about the “instinct” or “gut feeling” when it
happened to be “right”. Nevermind all those times
someone mentioned a gut feeling that didn't happen. I believe
strictly in knowledge guiding those guts and instincts.
Sky reading as a “bragging rights tool” is also pointless
and silly to me. Pretty much the only good sky
reading does is inform a person about where they already are with a
very limited use for what it is like elsewhere. It helps you know
what your storm is capable of, etc, but that means little for the
storms and atmosphere you can't see further away.
I love having the internet with now. It is odd though. In
many ways it just doesn't do that much that say library stops couldn't
have accomplished. I mean one can get to where they will wind up
either way, full on internet or data earlier at home or a
library. But yeah, I'm not kicking it out of the car anytime
soon. If your storm declines and you want to be elsewhere, well
the ol internet is going to be of massive help. Sky reading
isn't. Nor is some “gut”. A gut in that case is
going off the knowledge you might have about setups and that
setup. I hate the instinct angle lol. It seems like it is
just a word to make knowledge sound cooler than knowledge already
is. And yes, that is the most useful tool....knowledge.
Knowledge to tell your gut what it should tell you.
And yes, I'm quite guilty of too much data looking while I have the
storm right in front of me. And yes to the degree I think it has
hurt a time or two. But only barely hurt.
I never use data or rely on it as far as position or navigating.
I've never even understood why use that for things like rotation.
I next to never have any fashion of rotation keyed up on a radar.
I think it is damn silly and of zero use while chasing. The only
exception may be if I decide to core punch a storm in a setup it might
not be safe to do so. And even in that case, if you need to see
radar rotation for that, it's too touch and go anyway. I'd rather
not use it for that and instead have my eyes open more as I feel my way
through the core and rain.
Do you think that North-American storms have something special compared to other places in the World?
For sure, not that I've ever been out of the
US. It's just hard to ignore the obvious I guess. Hard to
beat a juiced up gulf source that gets to slosh up against the Rocky
Mountains and interact with the jet stream. Systems largely stay
“dry” crossing the mountain west, then bam come out and hit
that rich low level moisture. So when storms erupt in the alley
they are so often much more visual than anywhere else. Because
think about how they look here and think of where these are taking
place. It's extremely rural for a good distance east of the
Rockies. A good chunk of storms aren't even seen or
captured. At least the northern and western parts of the
alley. And those that are seen and captured likely had good
chunks of their life missed due to lack of roads.
During your stormy journeys, does the quality of your pictures prevail
over getting closer to the phenomenons (sometimes lowering the quality
of the picture composition)?
Well the thing is now it's hard for this to be an issue with a 10mm
lens available. You can just about be under a storm and still
capture all of it. Even before at 17mm you didn't have to be that
far away to get the structure. I guess I'd likely be in the same
spots if I wasn't taking pictures.
What has always been important in this is being northeast of the
updraft base. That is where I always try to be, even if there is
rain or hail there. The structure there 99% of the time will
outdo the structure view from anywhere else. Also there are most
often a whole lot less chasers wanting to be up in there for some
reason. Often people won't even believe it was the same storm,
just cause they never got up “in the notch” enough.
I do struggle with close tornado intercepts though. It's mostly
because they don't happen as often and one should go for structure when
there isn't any tornado. I swear I will be a tornado chaser only
for a year or so to get better tornado shots but then you do that and
it might cost you the most amazing structured storm ever. Many
don't even seem to care. Here is an example from Chris Collura on
a storm I wasn't even on at all, sigh. http://www.sky-chaser.com/data/misc/beloitks.jpg
1000 chasers on that storm and maybe 1 or 2 got any structure
shots. Everyone else under there trying to get a typical cone
tornado or two as they'd form. And even those that got the
structure went in for the tornadoes too. It boggles my mind you
can have 10 year type structure and a regular ol tornado op underneath
it is more interesting. I was so mad for so long I wasn't there
to capture that structure.
How do you keep busy during the “low-storms” season?
Ice storms, geese migrations, blizzards, fog
season,...pretty much it. Though I've seen tornadoes in March and
I've seen them in November. So that low storm season isn't
terribly big here. If I had a brain I'd do a regular job at
those times.
What is your relation to Nature, throughout your pictures/photographs?
Not sure how to answer it I guess. Here is
how I've always seen things. Sometimes you see a great movie and
you find yourself simply insisting your friends see it. They have
to see it. That is how I feel on this stuff. I want to
capture it and show it. Some stuff you just think, others have to
see this.
What was your
scariest experience ? The one when you felt you went too far, when you
felt the storm touching your ears, when a "rain wrapped wedge tornado"
just crossed the road in front of your car?
I've really never had anything that should be
truly scary, though I've been scared plenty of times. I will say
the hands down most scary thing was heading down to photograph an ice
storm in 2009. It was after the storm was over, that next
day....blue sky and dry pavement for hours on the way down. You
couldn't tell that the road had even changed to ice. I was doing
75mph in an suv when it fish tailed and lost control. Going into
the grass sideways at that speed will forever be stuck in my
head. You have just enough time to think you're about to die in a
roll over. Nothing will top that I don't figure. It
sucked. Somehow it stayed on all 4 wheels, going back and forth
and round and round till I finally stopped down in the ditch. It
was such a crazy shock to the brain to think you are driving 75 mph on
dry pavement like you had been all morning and to have the back tires
come around on you like you are on butter. You don't regain
that. Just past that cars were rolled all over the place.
You will often feel you have gone too far whenever you decide to punch
a tornadic storm. Here is how it very often will go. You
are on a north south road watching a storm getting interesting as
it closes in. You don't want to reposition yet cause it
looks to produce. Then it doesn't and you are forced to drive
south out of it too far, or you can go north and be in its core, before
you have an east option to blast back out of it. So you pick
north into the core and so often I regret it. Because then as you
punch back east, you are in the rain and racing the area of interest
coming up from your south or southwest. And the heavy core
isnt' letting you speed to do it faster. Sometimes really slowing
you down. Then at points you will think to yourself, I should
just turn back around and let it go by. But what if you are
already too much in the path of any tornado. So you keep punching
east hoping you pop out before any tornado gets up to your
location. I hate doing that but so often find myself chosing to
do so anyway. And it is 10 times worse at night.
There are too many instances to list of that.
Me and a chaser friend did that the night of the Greensburg KS tornado,
but on the north central KS tornadic storm. It becomes real
obvious just how dumb doing that is when you realize for all you either
knew at the time it could have been producing a tornado like the
Greensburg storm was at that same time to the south.
What is your favorite storm picture/tornado ? Why do you prefer this one?
I can never answer that and am asked it all the
time. There's just no way to have one answer on that. I can
say I am pretty partial to the various July beasts in Nebraska.
Probably my favorite storms. So much harder to get good
supercells once June is over. And these are often in
“weak” shear environments, turning deviant on a boundary
and making up for weak shear.
Supercell + Tornado - Nebraska / July 2004
There is one example. That storm was 65-70,000 feet tall.
The tornado evolution was amazing to see happen. It wasn't moving
at all at first. And next to no chasers were around. Yeah
the small pictures suck on there.
Supercell - South Dakota & Nebraska / July 2009
There is another July beast. They are often in extreme
instability and good enough shear. That thing actually had
extreme instability and crazy shear. It was indeed a very crazy
storm. 60-70mph inflow winds too. I loved the tornado
warning text on that one, a rare statement saying, “In addition
to the tornado this storm is capable of procuding baseball hail and
winds in excess of 100mph.” There are no roads in that
region and the thing was hugging the only road around.
Thx a lot for your
answers, Mike ! It was cool to interview you, even it’s by
email… Hope you enjoyed it too ! Have you a last word for French
stormchasers ?
Best of luck in 2011! It looks like you all
have some truly crazy lightning ops around there. Pretty jealous
of those lightning shots in the galleries on there. I mean good
lord!
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