I. L’éclair
Qu'est ce qu'un éclair ?
Un éclair est une lumière intense et soudaine crée par une
décharge électrique lors d'un orage. Lorsqu'un orage se forme, d'énormes
potentiels électrostatiques transforment les nuages en "piles électriques".
L'air a des propriétés isolantes mais lorsque le potentiel généré par le nuage
d'orage dépasse une valeur de 15Kv/m, un "court circuit" se produit et décharge
momentanément le nuage. Lorsque la décharge touche le sol, on parle de coup de
foudre.
1] Les charges électriques
a] Charge électrique de l'atmosphère par temps stable
Dans des conditions
normales, une charge négative domine au sol. Dans l’atmosphère, les rayons
cosmiques provoquent une faible ionisation de l’air à l'origine du "champ
électrique par beau temps". Les ions formés se partagent le ciel de façon
suivante : Ions positifs vers la tropopause et ions négatifs vers le sol.
Par beau temps, la différence de potentiel entre le sol et une altitude de 48km
est d’environ 300.000 V. Près du sol, cette différence de potentiel est
d’environ 100 à 150 V/m. Dans ces conditions, l'air est un isolant.
b] Les charges électriques par temps instable
(cumulonimbus, générateur électrique)
C’est dans des cas d’instabilité atmosphérique que certains nuages majestueux
appelés cumulonimbus peuvent se former. Ce sont de véritables monstres en
puissance puisque leur sommet peut culminer à 6-8km aux pôles et jusqu’à 18-20km
à l’équateur. Leur poids peut atteindre et même dépasser un milliard de tonnes !
Fig.1 - Cumulonimbus
Ces nuages particuliers sont soumis à des cisaillements de vitesse (variation de
la vitesse du vent en fonction de l’altitude), à des cisaillements directionnels
(variation de l’orientation du vent en fonction de l’altitude), et à d’intenses
ascendances et subsidences. Ces turbulences sont à l’origine de chocs entre les
particules qui constituent le nuage, en particulier glace et gouttelettes d’eau.
La redondance de ces entrechocs va arracher des électrons aux particules et
ainsi aboutir à l’apparition de charges. Les particules les plus lourdes
abritent les charges négatives tandis que les plus légères, supportées par les
courants ascendants sont chargées positivement.
La base du nuage orageux est chargée
négativement. A son approche, le sol se charge positivement par
induction. Cette zone de changement du potentiel au sol est
appelée la « zone d’ombre » du nuage. En
simplifiant à l'extrême, au sein du Cb apparaît une
configuration électrique ressemblant à une pile.
Fig2 - Charges électriques au
sein du cumulonimbus (schéma basique)
Il semblerait que cette modélisation ne soit pas exacte et que plusieurs couches
voire même plusieurs zones se partagent le nuage. Néanmoins, ceci s’explique difficilement
et semble être assez variable suivant les cas de figure. De nombreux ouvrages
font état d’une zone positive enclavée sous la couche négative et supportée par
les courants ascendants. Ceci peut être schématisé comme suit :
Fig3 - Charges électriques au
sein du cumulonimbus (schéma simplifié)
Dans ce dossier nous utiliserons cette dernière modélisation qui reste simple.
Ces zones de charges différentes vont interagir entre-elles et engendrer des
décharges électriques.
2]
Les décharges électriques
Voici Les différentes décharges :
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Fig5 et 6 - Eclairs intra et
extranuageux
Les éclairs intranuageux se manifestent
uniquement par une illumination du cumulonimbus
Eclair intranuageux
Eclair extranuageux
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Fig7 - Eclairs internuageux
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Fig8 - Coup de foudre
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Les éclairs nuage-sol suivent le mécanisme
suivant :
1- Accumulation de charges dans le nuage
2- Augmentation du champ électrique qui
finit par devenir supérieur à la valeur admise par l’air.
3- Ionisation de l’air.
4- Formation de traceurs qui évoluent vers une zone de charge opposée, en
même temps l’ionisation progresse.
5- A faible distance de la zone de charge opposée, un traceur sera émis et
partira à la rencontre du premier.
Lorsque les deux traceurs
se rencontrent, un (ou plusieurs) arcs en retour ont lieu : C’est l’éclair !
Lors de l’éclair, il se produit un transfert de charges afin de rétablir la
stabilité. Il s’agit le plus souvent d’électrons allant du nuage au sol. Ce
retour vers un état de stabilité sera d’autant plus durable que les vents au
sein du nuage seront faible (entrechocs peu nombreux). Plus les arcs en
retour sont nombreux plus l’éclair est visible longtemps, parfois cette
durée atteint plusieurs secondes !
Voici une animation qui pourrait vous aider à mieux comprendre le phénomène
(ici deux arcs en retour et un transfert d’électrons vers la terre):
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Evidement, du fait de la vitesse de chacun des bonds
des traceurs (on parle d’environ 50 à 2500km/s), ils n’apparaissent pas à l’œil
nu. Néanmoins, certains photographes ont pu capturer des traceurs ascendants.
Exemple avec cette photographie prise par Cyril Aniel :
On
distingue en bas à gauche de l’impact un traceur ascendant. Comme le souligne
l’auteur la jonction s’est jouée à peu. La forte décharge électrique aurait
alors pu passer à gauche de la maison. Les traceurs descendants (autre que
celui qui a permis la liaison) apparaissent sous forme de ramifications.
En dehors de la zone qui accueille la décharge, les éclairs nuage-sol
sont aussi nommés en fonction de la polarité et du sens de propagation du
premier traceur.
On a ainsi les éclairs suivants :
• Le coup de foudre descendant négatif
provient d’un traceur descendant partant de la couche
négative du nuage orageux et se propageant jusqu’au sol
à la vitesse de 70 à 1200 km/s. A faible distance de
celui-ci, un traceur ascendant est émis. Lors de leur rencontre
la décharge a lieu et consiste en un transfert
d’électrons du nuage vers le sol. Sur l’animation
précédente, il s’agit d’un coup de foudre
descendant négatif. Ceux-ci sont les plus fréquents.
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• Le coup de foudre descendant positif
est rare et en général très puissant. Il
s’observe principalement lors des orages d’hiver. Les plus
puissants sont appelés superbolts et même
mégabolts. Ce type d’éclair provient d’un
traceur descendant qui prend naissance dans la charge positive du nuage
en se déplaçant à une vitesse allant de 500
à 2500 km/s. En principe il s’agit d’éclairs
très puissants ayant lieu en phase terminale de l’orage, lorsque que la
couche négative est moins dense et n’influence plus le sol en inversant sa
polarité. Il existe aussi des extranuageux positifs touchant le sol en marge
du nuage (voir schéma sur les décharges extranuageuses). Lorsque le contact
est établi, il s’ensuit un transfert de charges positives du nuage vers le
sol.
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• Le coup de foudre ascendant négatif provient
d’une charge ascendante négative. Ce traceur ascendant
voyage à une vitesse voisine de 80 à 460 km/s. Comme
toutes les charges ascendantes, il débute à partir
d’une aspérité au niveau du sol (montagne, antenne
de télécommunication,…) et se propage vers une
zone du nuage chargée positivement. A faible distance, un
traceur descendant est émis à partir du nuage. Lors du
contact un transfert de charges positives du nuage vers le sol a lieu. |
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• Le coup de foudre ascendant positif
débute par un traceur ascendant se déplaçant
à une vitesse proche de 40 à 70 km/s près du sol,
puis pouvant atteindre jusqu'à environ 1000 km/s en altitude. Ce
traceur provient d’une charge positive ascendante au sol. Ces
traceurs vont évoluer vers la base du nuage chargée
négativement. Lors de leur approche, un autre traceur, cette
fois-ci descendant partira du nuage. Lors de leur rencontre, la
décharge a lieu et consiste en un transfert
d’électrons du nuage vers le sol. |
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Il est à noter que cette
classification n’est pas universelle. Ainsi d’autres auteurs préfèrent
nommer les éclairs en fonction du sens de propagation du premier traceur et
de la polarité de la zone nuageuse concernée. Exemple : Pour le coup de foudre ascendant positif (ci-dessus), il s’agirait
alors d’un coup de foudre ascendant négatif puisque la zone du nuage
concernée est chargée négativement. |
3]
Remerciements
Mr Cyril Aniel pour le partage de sa photographie.
Mr Gilles Duperron pour le partage de sa photographie.
Mr Claude Gary pour sa disponibilité et son aide théorique.
Mr Patrick Jammes pour le partage de sa photographie.
Mr Christophe Suarez pour le partage de ses photographies
© Mickaël
Cayla pour Chasseurs d'Orages